Explication de texte de qualité sur Lancelot, ou le Chevalier de la charrette, sur le passage du Pont-de-l'Epée.
Niveau Master. 6 pages. Plan en 3 mouvements.
[u]Extrait de l'explication de texte [/u]:
Dans ce passage, Lancelot remporte l’épreuve et parvient, non sans mal, à traverser le pont coupant et à ne pas choir dans les eaux mortelles. Ce passage s’articule selon trois mouvements. Premièrement, jusqu’à « souler ne chauce n’avanpié. » (v. 3104), la toute fin de la préparation du chevalier est l’occasion pour le narrateur de faire « monter la pression », de renforcer et de couronner l’attente et la tension du lecteur. Lancelot se prépare à passer le pont, nous aussi. Dans un second mouvement, jusqu’à « fet tant que de l’autre part vient. » (v. 3117), nous est narré la traversée du pont proprement dite. Lancelot se lance, se blesse, mais Amour l’aide à supporter sa douleur. Lancelot endure, la souffrance est réelle, réitérée, insistante, mais le passage est étonnamment court. Enfin, dans un troisième moment, Lancelot, parvenu de l’autre côté du pont, remarque que les deux lions précédemment aperçus ne sont plus là. Un mirage qui interroge et Lancelot, et le lecteur, sur son sens, et qui ouvre, par rétroaction, le sens métaphysique, évanescent de cet exploit héroïque raconté de manière inattendue.
Dans ce passage donc, Chrétien déjoue les attentes du lecteur, pourtant soigneusement préparées, en proposant un récit héroïque mis en question, soumis à la Question, interrogé dans son fondement même : tout héros est-il un héros certain ? Pourquoi Lancelot est-il plus qu’un héros ? Comment le récit épique se fait-il questionnement éthique ?
Pour répondre à ces questions, nous suivrons trois moments, I (v. 3094 à 3104) : la préparation simultanée du héros et du lecteur ; II (v. 3105 à 3117) : le héros messianique ; III (v. 3118 à fin) : l’homme incertain [...]