Corrigé d'une dissertation de Littérature : littérature et politique. Pierre-Simon Ballanche, Essai sur les institutions sociales
Concours de l’E.N.S. L.S.H. (2010), note obtenue : 17/20
[u]Sujet [/u]: « Je ne prétends m’ériger ni en censeur des gouvernements ni en précepteur des peuples ; ma tâche est, en quelque sorte, celle d’un historien sans affection et sans haine… »
[u]Extrait de la dissertation [/u]:
Sartre disait que « la littérature n’est pas un chant innocent et facile qui s’accommoderait de tous les régimes », mais qu’« elle pose d’elle-même la question politique ». A contrario de cette conception de l’auteur engagé, Pierre-Simon Ballanche écrit, en 1818, dans son Essai sur les institutions sociales, le propos suivant : « Je ne prétends m’ériger ni en censeur des gouvernements ni en précepteur des peuples ; ma tâche est, en quelque sorte, celle d’un historien sans affection et sans haine… » Pierre-Simon Ballanche soulève ici la question du rapport qu’entretient l’écrivain avec le monde public qui l’entoure. Dans un premier moment, Pierre-Simon Ballanche, s’exprimant en son nom propre par le pronom personnel « Je », confesse son humilité et son intégrité à l’égard de sa profession. C’est pourquoi il déclare ne pas « prétendre » « [s’]ériger » en « censeur des gouvernements ». Le pronom personnel réfléchi « m’ » montre le mouvement volontaire et réflexif d’un homme qui restreint à dessein ses propres ambitions et qui le fait avec la conscience que sa parole n’engage qui lui. Ne voulant pas être « censeur des gouvernements », il se refuse à être un contempteur de l’Etat. Dans un second moment, qui est le second terme de l’alternative posée par la négation « ni… ni… », Pierre-Simon Ballanche refuse également d’être un « précepteur des peuples », jugeant sans doute qu’il ne peut y avoir qu’un seul instituteur de l’Humanité [...]