Exemple de corrigé d'une dissertation de philo proposé par un enseignant diplômé en master 2 en philosophie.
Ce sujet aborde les thèmes de la liberté, le désir, l’amour sous ses différentes formes (romantique, charnel, filiale, etc).
En plus de la dissertation entièrement rédigée vous trouverez de nombreuses explications sur le choix du plan, sur les notions importantes du sujet, etc.
Problématique : Est-on libre d'aimer ?
Sujet de la dissertation : L’amour est-il une manifestation de notre liberté - ou au contraire, nous dépossède-t-il de notre liberté ?
L'amour est une notion complexe et difficile à définir. Il peut être compris comme une émotion forte qui nous relie à quelqu'un ou quelque chose et nous fait nous sentir bien. L'amour ne se limite pas à l'amour romantique, mais peut aussi être ressenti pour un ami, une famille, une cause ou même pour un animal de compagnie. La question de savoir si nous sommes libres d'aimer est donc complexe.
Extrait de la dissertation :
L’amour est enfant de Bohème, il n’a jamais connu de loi » : ces très célèbres vers extraits de Carmen de Bizet illustrent une conception commune de l’amour. On se représente en effet souvent le sentiment amoureux comme libre : affranchi de toute règles, n’obéissant à aucune contrainte, il semble être un pur élan du cœur. Pourtant, les relations amoureuses sont soumises à des règles morales, à des injonctions sociales — et même à un contrôle institutionnel. De plus, si la
liberté se définit comme l’autodétermination d’une volonté guidée par la raison, et suppose une maîtrise de soi, alors il semble qu’il y ait une contradiction entre l’amour et la liberté : la passion amoureuse, en effet, a tendance à obscurcir la raison, et à priver l’amoureux de son libre-arbitre.
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De plus, l’amour, l’amour nous libère des conventions sociales. Là où les conventions nous enferment, et nous forcent à renoncer à qui nous sommes, l’amour peut être l’occasion de sortir de ce carcan : là encore, la littérature abonde d’exemples de couples qui bravent les interdits sociaux.
Contre toute raison, contre l’avis de sa famille, Des Grieux, jeune homme sage et issu d’une bonne famille, tombe éperdument amoureux de Manon Lescaut, jeune fille légère et vénale. Malgré la dimension morale du célèbre roman de L’Abbé Prévost, qui réserve une fin malheureuse aux amants, et fait mourir l’héroïne, la passion amoureuse apparaît ici comme une force, qui permet au personnage masculin de s’affranchir de la pression familiale.
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De plus, si l’amour-passion peut être une force dévastatrice qui risque de se transformer en sauvagerie, il est possible de sublimer cette force, de la canaliser, par exemple au moyen de l’art. C’est la thèse que défend Hegel dans l’Esthétique : « La sauvagerie, force et puissance de l'homme dominé par les passions, [...] peut être adoucie par l'art, dans la mesure où celui-ci représente à l'homme les passions elles-mêmes, les instincts et, en général, l'homme tel qu’il est ». Ainsi, à condition sans doute d’être canalisé, l’amour-passion peut devenir libérateur.